Entraîner sa mémoire, ça marche vraiment?
Oui. « On sait aujourd’hui que l’entretien cognitif, c’est- dire le fait de faire travailler ses différentes mémoires, retarde réellement l’émergence des maladies de la mémoire, affirme le Dr Croisile.
Chaque jour, de nouveaux neurones et de nouvelles connections neuronales peuvent apparaître. » Sudoku et jeux de patience sont donc pertinents au même titre que de nouvelles rencontres, la curiosité ou les loisirs qui stimulent également le travail de la mémoire. Des chercheurs de l’Illinois ont même démontré qu’une activité physique régulière pouvait augmenter le volume de l’hippocampe qui, normalement, diminue de 1% environ par an après 25 ans.
Qui a gagné la dernière partie de Memory à la maison? Léo, 8 ans, évidemment. Et tous les adultes de plus de 30 ans se sont misérablement plantés à ce jeu qui consiste à retenir où sont placées deux cartes – faces cachées- portant la même image. Agaçant! Inquiétant? Même pas, d’après les spécialistes de la mémoire (et des troubles), qui, d’emblée, repositionnent le débat. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise mémoire, prévient le docteur Bernard Croisile, neurologue à Lyon auteur de Tout sur la mémoire (Odile Jacobs), il y a des mémoires. » Celle des langues, des chiffres, des éventements, des leçons apprises… On ne peut donc exceller en tout. Si Léo est un as du Memory, nous, on est forcément infaillible dans un autre secteur qui nous concerne davantage que ce jeu (un boulot, un hobby…). De surcroît, on est inégaux face aux souvenirs. Selon qu’on soit « éléphant », super outillé, se souvenant de presque tout ou simple « poisson rouge », réputé n’avoir qu’une mémoire de 3 secondes. Tout cela est très banal, mais oublier ce que l’on sait est-ce normal? « Oui, rassure Francis Eustache, chercheur à l’Inserm, co-auteur avec Béatrice Desgranges du pavé Les chemins de la mémoire (éd. Le pommier). Il y a d’un côté les troubles de la mémoire et de l’autre côté les maladies. Les premiers attestent finalement du bon fonctionnement de notre mémoire. » Car on perd tous de la mémoire, un peu, à partir de 25 ans. Notre cerveau parvient à compenser ces oublis avec des astuces qui lui appartiennent. En revanche, quand on perd trop de mémoire, et surtout dans plusieurs domaines, et que le cerveau ne compense plus, il peut y avoir plus qu’un trouble, mais une vraie maladie. L’occasion de faire le point sur des situations quotidiennes qui nous intriguent.