Participation à l’exposition « Fake News : Art, Fiction, Mensonge » qui se tiendra à l’Espace Fondation EDF à partir du 27 mai 2021. En 2017, le terme « fake news » a été élu « mot de l’année » par le Collins Dictionary. Son usage venait d’augmenter plus de 300%… Un succès non démenti depuis. Et en 2019, l’expression « deepfake » a bien failli l’emporter à son tour !
Ces maux sont symptomatiques de bien des difficultés à s’informer à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux : la fausse information non dénuée de volonté de nuire d’un côté ; le trucage minutieux de vidéos de l’autre…Aujourd’hui, de très nombreuses infox, extrêmement virales, sèment ainsi le trouble dans l’esprit du public. Des scientifiques ont-ils créé le coronavirus ? Hilary Clinton est-elle mêlée à un trafic d’enfants basé dans une pizzeria de Washington ? Les vaccins transmettent-ils l’autisme ?

Tout cela est faux, bien sûr.
Des journalistes vérificateurs l’ont démontré. Mais le public, lui, peine à se défaire de ces idées fabriquées de toutes pièces. Leurs forces : elles simplifient à outrance la compréhension du monde ; elles confortent les croyances, instincts primaires et idées reçues.
Les artistes, qui savent de tout temps jouer avec les représentations du monde ne sont-ils pas, in fine, les mieux placés pour nous initier aux enjeux très contemporains de ces fake news ? Ils peuvent alors, dans un premier temps, nous familiariser avec le processus de fabrication de ces infox. Ces artistes qui, dans leurs peintures, sculptures, photos et vidéos savent recourir aux techniques de fabrication les plus créatives nous initient finalement à la production d’objets parfois difficilement identifiables, entre authenticité et inventivité, réalisme et onirisme… Entre vrai et faux. « La vérité existe. On n’invente que le mensonge », disait Georges Braque.
Puis ils sont à-mêmes, ensuite, de nous sensibiliser à la manière dont ces fausses informations se diffusent et infusent si rapidement à travers Internet et les réseaux sociaux, à travers nos esprits si crédules, aussi, tantôt grâce au travail de véritables marchands de doutes, tantôt grâce à d’ancestraux mécanismes de rumeurs. Ce sera le propos de la seconde partie de l’exposition.
Enfin, si, tels des producteurs de fake news, les artistes ont recours à des méthodes tantôt artisanales, tantôt hautement technologiques, tels des journalistes fact-checkers, ils nous obligent aussi à questionner notre crédulité, font vaciller nos croyances et notre perception du réel. Alors pourquoi ne nous conduiraient-ils pas, aussi, grâce à leur dénonciation parfois vigoureuse de notre dangereux écosystème informationnel, au sursaut salvateur qui nous permettra de reprendre la main sur notre compréhension du monde ? Éducation et responsabilisation de chacun apparaissent, au contact des oeuvres présentées dans une troisième partie, comme des solutions incontournables pour échapper aux manipulations en tout genre, tant politiques, que sanitaires, économiques, sociales, etc.
L’exposition « Fake news : fausses informations, vraies créations »
à travers une vingtaine d’oeuvres internationales – de la fausse Une du New York Times par les Yes Men au trucage vidéo du « What Did Jack Do ? » de David Lynch, en passant par l’imprimante à fake news de Tsila Hassine et Carmel Barnea Brezner Jonas – prétend (re)susciter l’esprit critique du public.
Elle espère, à sa manière, faire oeuvre d’éducation aux médias : pour les plus jeunes, auxquels elle propose des parcours à la fois réflexifs et pédagogiques, des ateliers interactifs et même un escape game, pour comprendre, ressentir, se questionner ; mais aussi pour les plus expérimentés, à travers conférences, projections et temps d’échanges.
L’exposition et les artistes invitent les publics à devenir acteurs. Car nous sommes tous acteurs au quotidien de la prolifération des fake news – via Facebook, Twitter, Instagram et bien d’autres plateformes – et qu’il ne tient qu’à nous tous de nous approprier les méthodes, trucs, astuces et outils qui en enrayeront la diffusion. Et feront de nous, finalement, des citoyens mieux informés dans une démocratie plus saine.
Cette exposition est internationale, tant par son contenu (elle accueille des artistes étrangers) que par son itinérance, car elle se déplacera en France (différents lieux et espaces d’exposition de la fondation EDF) et possiblement à l’étranger.